Témoignages

Depuis petit, j’aime bricoler divers objets.

Arrivé au collège, j’ai commencé à travailler le bois plus régulièrement avec le matériel de mon père et même parfois chez mes grands-parents sur des machines plus sophistiquées. En fin de 3ème, j’ai été accepté par les Compagnons du devoir, mais je n’ai malheureusement pas trouvé de patron. Je n’ai donc pas pu poursuivre cette voie-là.

Toutefois, J’ai pu réaliser un stage en menuiserie, et mon formateur m’a recommandé l’école Boisard. Après un mini-stage j’ai été admis.

Jorick Richard

Élève en menuiserie bois

Je m’appelle Kamo ARAKELYAN, je suis né en Arménie. Je suis arrivé en France en 2012.

Je suis rentré en classe de 6°, et j’ai effectué mon parcours jusqu’en 3ème. Je n’ai pas eu mon Brevet, mais j’ai réussi le CFG (Certificat de formation général). Puis, j’ai intégré une 2nde Bac pro en menuiserie. Je n’ai pas tenu le coup à cause de mon niveau de langue, c’est pourquoi mes professeurs m’ont orienté vers un CAP.

J’ai obtenu mon CAP en juin 2018, et j’ai fait la demande d’un Bac pro électricité, mais je n’ai malheureusement pas été accepté. Mes professeurs m’ont conseillé de préparer un autre CAP au lycée Lamarque à Rillieux, j’ai finalement réussi le CAP Tourneur en 2019.
Suite à un entretien avec mon conseiller d’orientation, j’ai effectué une ½ journée à l’Ecole de production BOISARD, et le métier de métallier m’a plu. J’ai pu intégrer la classe de 1° Bac pro… et je suis vraiment content de mon choix.

Kamo Arakelyan

Élève en métallerie

J’ai découvert l’univers des mineurs isolés il y a quelques années dans le cadre de ma profession. Pour nous, à l’école, ce sont les mineurs non accompagnés (MNA). A l’occasion d’un « surf » sur Internet, j’ai été happé par les propos polémiques d’Eric Zemmour sur ces jeunes. Coutumier des paroles racistes, grand craintif face à l’immigration et persuadé du « grand remplacement », il affirmait je cite : « « Ils n’ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c’est tout ce qu’ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu’ils viennent ».
Cette provocation à une heure de grande écoute m’a inspiré ce message :

Ils s’appellent Zacki, Mustafa, Youcef, Vakaba ou Rodrigue. Ils sont ce que l’on appelle des mineurs isolés, arrivés en France d’un pays en proie à la guerre, à la famine, au désordre politique, aux conséquences du réchauffement climatique.

Parmi ces jeunes, l’un a traversé le continent africain à pied, il ne dit pas ce qu’il a subi mais on s’en doute. L’autre a fui son pays après l’assassinat de ses parents, il n’a pas de nouvelles de ses frères et sœurs depuis plusieurs années. Le dernier s’est exilé face à la guerre naissante, il avait un restaurant avant que l’armée n’investisse la ville pour la « nettoyer ».

Ce qui m’a marqué avec ces jeunes, c’est leur volonté de réussir dans l’apprentissage de leur métier, cette volonté de créer un nouveau départ par l’insertion professionnelle.
Je me souviendrais toujours du jeune Mustafa me poursuivant dans les couloirs pour savoir où était passé le demi-point qui lui manquait pour atteindre la note maximale. Je commençais tout juste alors dans cette école, et déjà j’étais bouleversé par ce jeune camerounais. Peu de temps après, j’allais apprendre son investissement pour être l’un des « meilleurs apprentis de France ».

La colère de certains s’est apaisé avec le temps, au contact des familles d’accueil et des formateurs, l’insertion pour d’autres a été un succès, combien de « Meilleur Apprenti de France » parmi eux dans notre école ? Un grand nombre et presque tous les ans !

Aujourd’hui, je peux l’affirmer les mineurs isolés ont été pour moi des rencontres importantes pour mon développement en tant qu’homme et citoyen. Ces relations m’ont permis de mieux comprendre le monde.

Ces relations ont toutes été riches, humaines, et jamais dans la violence et l’irrespect les uns envers les autres.

J’ai pris le parti de l’humain qui, dans l’adversité, apporte la richesse suprême. Nos parcours peuvent être abimés par certains, déviés par d’autres, l’être humain peut être cruel, mais au final c’est le lien que l’on crée qui importe.

Maxime Chanon

Professeur & Référent réseaux sociaux

J’ai tout d’abord été au lycée Charlie Chaplin pour mon année de seconde. Intéressé par les arts plastiques et la musique, j’ai passé ma 1ère et ma Terminale au lycée Louis et Auguste Lumière.

Pour des raisons personnelles, je n’ai pu aller jusqu’au bout de mon année de terminale, je n’ai donc pas pu passer mon BAC.

Ne sachant pas vers quel secteur m’orienter, et le système scolaire classique ne me convenant pas, j’ai pris une année sabbatique, j’ai travaillé au Mc Do pendant 1 an et 6 mois. C’ était franchement « nase » ! Mais cet emploi m’a permis de me rendre compte qu’il fallait que j’apprenne un métier pour ne pas subir ma vie professionnelle.

La menuiserie n’est certes pas mon but professionnel, mais c’est un métier passionnant qui m’apprend un savoir-faire qui me sera utile toute ma vie.

J’ai choisi l’école de production BOISARD pour ses méthodes d’apprentissage. Des cours généraux et beaucoup d’atelier, on apprend des choses concrètes avec des professeurs expérimentés.

Benjamin Humbert

Élève en menuiserie bois

C’est en tant que cliente que j’ai découvert l’école de production Boisard. Une histoire de cuisine à laquelle il manquait un plan de travail qui devait être fait sur mesure. Le chef de l’atelier menuiserie s’est déplacé. S’en est suivi un parcours classique : devis, acceptation de celui-ci, fabrication en atelier et pose. Conclusion, une finition parfaite de mon ensemble donc une cliente satisfaite. Pendant la pose, en discutant avec le professionnel j’ai compris le concept des écoles de production « le faire pour apprendre » et cette réalité que ce sont des jeunes qui ont fabriqué cet élément tellement réussi. Nous étions en 2019.

Cet élément de plan de travail a changé ma vie car depuis j’ai enseigné dans cet établissement et rencontré non pas seulement des jeunes menuisiers mais aussi des carrossiers, des mécaniciens, des techniciens d’usinage, des peintres en carrosserie et métalliers. Tous ces corps de métier dans le même établissement ! Des CAP, des BAC, des adultes en formation ! Impressionnant ! Je travaillais dans la première école de production de France, en pleine restructuration avec des professionnels de tous profils bien loin du mien. Imaginez -vous enseigner le français, l’histoire géographie ou le français langues étrangères à des jeunes qui ne rêvent que d’une chose, être en atelier pour fabriquer, qui ne trouve que peu d’intérêt à vos matières. Quel défi !

Nous sommes l’été 2020 et j’accepte un poste de chargée de missions qui m’amènera à poursuivre certains cours avec les jeunes mais également à travailler sur des sujets de fond. Cela me permettra d’approfondir l’histoire de la structure et de comprendre le fonctionnement de chaque atelier et des prestations réalisées par mes élèves. Mon habitation est d’ailleurs maintenant vêtue d’une superbe véranda aluminium !

Je ne sais pas de quoi sera fait demain, ce que je sais c’est que l’école de production Boisard a changé mon regard sur tous ces métiers qui m’étaient inconnus, sur l’excellence exigée par les maîtres professionnels et sur cette fin d’année ponctuée par la crise sanitaire où un jeune métallier m’a dit suite à l’épreuve du CAP « Madame, j’vous remercie, il m’ont servi vos cours ! ».

A la rentrée je serai là, pleine d’enthousiasme ! Celui de participer au « faire pour apprendre », en tant qu’enseignante bien sûr mais aussi comme cliente car ces jeunes nous donne bien des idées de restauration de meubles, de créations et surtout je ne confierai plus à quelqu’un d’autre l’entretien de ma voiture !

Leur donner du travail c’est contribuer à leur apprentissage et en ce sens c’est moi qui apprends !

Violaine Massard

Professeur et Responsable recrutement et communication